Quand l'univers est parasité : Starlink brouille la radioastronomie
- Spacemoneyworld
- 14 juin
- 2 min de lecture

Starlink : la promesse d’Internet global... et le début des interférences cosmiques
Starlink, c’est ce rêve technologique vendu par SpaceX : connecter chaque recoin de la planète via une constellation de satellites. Mais là-haut, la promesse tourne au parasitage. Une étude réalisée par l’équipe du SKA-Low (le radiotélescope australien) révèle que plus de 112 000 passages de satellites Starlink ont perturbé leurs images en un mois. Un satellite sur trois laisse une trace déroutante, bien au-delà de son champ d’émission normal.
Ces interférences sont appelées UEMR, pour "émissions électromagnétiques non intentionnelles". Ce ne sont pas des signaux envoyés volontairement vers la Terre, mais des fuites, des résidus d’activité électronique, de propulsion, d’oscillateurs internes. Suffisant pour griller les données d’un radiotélescope qui scrute des signaux cosmologiques un million de fois plus faibles.
Les fréquences sacrées profanées
Certaines fréquences sont, par convention internationale, sanctuarisées pour la recherche astronomique. Les bandes 73-74,6 MHz ou encore 150-153 MHz sont essentielles pour sonder les vestiges de l'Époque de la Réionisation, cette période mystique où les premières étoiles ont illuminé l’univers. Pourtant, les satellites y laissent des signatures aussi bruyantes que celles des sources radio les plus puissantes du cosmos.
Dans certains cas, les signaux mesurés montent à plus d’un million de Janskys par faisceau. Pour comparaison, la radioastronomie cherche à capter des ondes à... quelques dizaines de microJanskys. On est donc dans un ratio de un à cent millions entre le bruit artificiel et les signaux recherchés. Un écart tel qu’il menace la viabilité même de certains programmes scientifiques.
Un brouillard orbital juridiquement invisible
Pourquoi ne peut-on rien faire contre ces nuisances spatiales ? Parce qu’elles sont non intentionnelles. La loi, à léchelle internationale, ne traite que des émissions volontaires. Une faille réglementaire exploitée involontairement par Starlink... mais qui ouvre la voie à d’autres acteurs privés.
En orbite basse, les satellites sont aujourd’hui plus nombreux que jamais, et demain, ce seront peut-être 40 000 appareils Starlink qui sérigeront en mur électromagnétique autour de la Terre. Aucune institution ne contrôle actuellement les fuites de fréquences issues de ces flottes technologiques. Le ciel devient un Far West orbital.
Le SKA-Low : la science à l’épreuve du bruit
Le Square Kilometre Array n’est pas un télescope ordinaire. C’est un projet international, pharaonique, conçu pour capter les échos les plus subtils de la naissance de l’univers. Chaque antenne, plantée dans le silence absolu du désert australien, est une oreille tendue vers l'invisible.
Mais face à l'avalanche de satellites commerciaux, ce silence devient un luxe inaccessible. Chaque passage de satellite ajoute du bruit, des résidus d’ondes, des traces. Et quand ces satellites sont mobiles, nombreux et de plus en plus puissants, l’espace devient illisible.
Conclusion : entre ciel et data, une guerre sourde
Ce n’est pas une fiction : l’humanité brouille sa propre capacité à lire les origines du cosmos. Starlink n’est pas un échec en soi, mais un symptôme : celui d’une innovation rapide, sans garde-fous, qui interfère avec les grands projets scientifiques. Si rien ne change, la radioastronomie pourrait bien perdre son accès au ciel.
Chez Spacemoneyworld, on croit en une technologie qui respecte le cosmos. Le progrès, oui. Mais pas au prix de notre compréhension de l’univers.
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