Est-ce que l'art de la guerre est surcoté ? : Voici les arguments que je donnerais face à Sun Tzu.
- Dragon fire god
- 27 mars
- 7 min de lecture
Avant de plonger dans le célèbre bouquin L'Art de la guerre de Sun Tzu, j'ai réalisé un sondage auprès de ma communauté pour savoir si celui-ci était surcoté. Le but était d'évaluer sa pertinence auprès de mon audience et de connaître les attentes que je pouvais avoir envers ce livre. À ma grande surprise, parmi plusieurs participants, 80 % de mes abonnés m'ont répondu qu'ils étaient contre l'idée que cet œuvre soit surcotée contre 20 % qui étaient pour. Vu ces résultats, j’étais pressé de plonger dans cette œuvre. Est-ce qu’il a été à la hauteur de mes espérances ? C’est ce qu’on va voir juste après.
Si vous aussi, vous voulez participer à ce genre de sondages, n'hésitez pas à vous abonner au compte Instagram @dragonfiregodlevrai. J’y partage du contenu de valeur pour rendre le quotidien plus fun et enrichissant. À la base, j’ai créé ce compte pour partager mes réflexions, et aujourd’hui, la communauté s’est agrandie. Merci à eux d’avoir participé à ce sondage, sans eux, cet article n’aurait pas vu le jour.
Les concepts clés de L'art de la guerre
Avant de plonger dans l'analyse de ce livre, je tiens à vous partager les concepts clés qui en jalonnent la narration et permettent de mieux comprendre le récit. J'en ai listés cinq :
La doctrine : Elle fait naître l'unité de penser ; elle nous inspire une même manière de vivre et de mourir, et nous rend intrépides et inébranlables dans les malheurs et dans la mort.
L'espace et le temps : Pour Sun Tzu, l'espace n'est pas moins digne de notre attention que le temps. Il nous conseille de bien l'étudier, car cela nous permettra de comprendre les hautes et basses situations, le proche et l'éloigné, le vaste et l'étroit, ce qui demeure et ce qui est éphémère.
Le commandement : Le commandement repose sur l'équité, l'amour envers ceux qui nous sont soumis, mais aussi envers tous les hommes. Il inclut la science des ressources, le courage, la rigueur et la valeur. Ce sont ces qualités qui doivent caractériser le général.
La discipline : Selon Sun Tzu, la discipline est l'art de bien organiser les troupes, de respecter les lois de subordination et de veiller à leur observance. Il s'agit de connaître les devoirs de chacun, d'être capable de trouver plusieurs chemins pour atteindre un même objectif, et de se plonger dans les détails pour en comprendre chaque aspect essentiel.
En conclusion, il nous affirme que si nous voulons que la gloire et les succès accompagnent nos armes on ne doit perdre de vue : la doctrine, le temps, l'espace, le commandement et la discipline. Selon lui, ces cinq choses principales doivent faire l'objet de nos continuelles méditations et de tous nos soins.
De ce fait en quoi ce livre est utile et pour qui ?
Comme beaucoup, je pensais au début que ce livre s’adressait à tout le monde. Après tout, il a été réutilisé sous toutes les formes possibles pour transmettre un message universel. Mais remettons les choses au clair : Sun Tzu n’a pas écrit son ouvrage pour tout le monde. Il l’a conçu pour un profil bien précis : ceux qui occupent des postes de direction. Pour vous donner une idée, voici quelques exemples de postes de leadership, que ce soit professionnellement ou dans la vie de tous les jours :
CEO
Directeur sportif
Directeur d'une banque
Directeur d'hôpital
Président d'une association étudiante
etc...
Est-ce que cela signifie que ceux qui n'exercent pas ces métiers n'ont aucun intérêt à lire L'art de la guerre ? Pas vraiment, au contraire je vous encourage à lire ce bouquin pour deux raisons :
Il vous amène à réfléchir comme un chef
Il vous apprend à réfléchir rationnellement
Vous l'avez bien compris, Sun Tzu s'adresse à des dirigeants, mais vous n'avez pas à vous soucier de cela. L'utilité de ce livre réside dans le fait qu'il peut vous apprendre à manager votre vie et votre entourage, de sorte que vous puissiez atteindre n'importe lequel de vos objectifs. Si vous n'êtes pas un chef, vous êtes votre propre soldat, et dans ce cas, tous les conseils donnés dans ce livre resteront pertinents pour vous. Si vous suivez les cinq principes importants mentionnés plus haut, vous aurez largement rentabilisé le temps passé à lire cette œuvre.
Quelles valeurs pouvez-vous tirer de ce livre ?
Si ce livre est une référence, c'est parce qu'elle contient énormément de valeur. Cependant, quelques principes m'ont particulièrement marqué, tant Sun Tzu y fait preuve de pertinence.
Le premier concept qui m'a marqué et avec lequel je suis totalement d'accord se trouve dans les premiers mots de l'Article IV : De la mesure dans la disposition des moyens : "Ceux qui étaient expérimentés dans l'art des combats se rendaient invincibles, attendaient que l'ennemi soit vulnérable et ne s'engageaient jamais dans des guerres qu'ils prévoyaient ne devoir pas finir avec avantage." Cette phrase est très pertinente dans une société où il faut prendre des risques pour obtenir plus de gains, de gloire ou de succès. Sun Tzu ne dit pas qu'il faut éviter de prendre des risques, mais plutôt qu'il ne faut jamais se lancer dans un jeu dont l'issue est déjà perdue d'avance.
La deuxième chose qui m'a particulièrement interpellé dans ce livre est la patience de Sun Tzu. Pour lui, la patience est une vertu aussi essentielle que le leadership. Si vous prêtez attention à ce bouquin, vous remarquerez que Sun Tzu ne pousse jamais à la précipitation. Au contraire, il encourage ses lecteurs à analyser leur situation (le contexte de la bataille) et à prendre ensuite les décisions les plus pertinentes, celles qui offrent les meilleures chances de succès. Préparer une bataille prend des mois avant que tout soit opérationnel, d'où l'importance cruciale de la patience.
Enfin, Sun Tzu fait preuve d'une grande empathie. Cela ne signifie pas qu'il soit nécessairement sensible, mais qu'il a une capacité remarquable à déceler les émotions des autres. Tout au long du récit, il souligne presque constamment l'importance de communiquer avec ses soldats. Il explique qu'il est parfois nécessaire de les mettre à l'aise, mais aussi d'affirmer son autorité lorsque la situation l'exige (par exemple, lorsqu'ils commettent des bêtises). Il le dit lui-même : il faut traiter ses soldats comme ses enfants. Mais son empathie ne s'arrête pas là : il est capable de l'appliquer même envers son ennemi, et cela dans l'objectif évident de mieux le vaincre. Il suggère implicitement d'utiliser l'empathie pour se faire des alliés ou retourner ceux de son ennemi contre lui. En lisant ce livre, vous comprendrez l'importance d'avoir cette capacité à être empathique.
Est-ce que ce livre est finalement surcoté ?
Tout au long de cet article, j'ai mis en avant les qualités de ce livre, mais je n'ai pas encore répondu à la question tant attendue : L'Art de la guerre est-il surcoté ? Ma réponse est la suivante : cette œuvre est de qualité, mais elle est surestimée dès qu'on essaie de la vendre comme un livre de philosophie ou de développement personnel. Je ne dis pas qu'on n'y apprend rien d'intéressant, simplement qu'il ne faut pas lui attribuer un rôle qu'il n'a jamais prétendu avoir.
On a tendance à l’oublier, mais ce livre est avant tout un traité de stratégie militaire, conçu pour la guerre et les champs de bataille. De ce fait, je ne comprends pas pourquoi certains cherchent à en tirer un fondement philosophique. En lisant cet ouvrage, j’ai réalisé à quel point Sun Tzu est pragmatique. Lorsqu’il fait des références, c’est toujours pour les rattacher à la réalité. Par exemple : "Les grands artistes, lorsqu'ils entreprennent quelque chef-d'œuvre, ont toujours présent à l'esprit le but qu'ils se proposent." Ici, il fait allusion aux cinq principes fondamentaux qu’il juge essentiels (que nous avons déjà évoqués). Cela ne l’empêche pas d’être un stratège avisé, et cette citation en est la preuve : "La guerre est d’une importance vitale pour l’État. C’est le domaine de la vie et de la mort : la conservation ou la perte de l’empire en dépendent ; il est impérieux de le bien régler."
L'Art de la guerre est un excellent livre sur les stratégies militaires. Je le recommande à tous les stratèges dans l’âme, aux passionnés d’histoire et à ceux qui souhaitent comprendre le comportement d’un chef de guerre exemplaire. L’un de ses plus grands atouts est son intemporalité : ce n’est pas pour rien qu’il se transmet de génération en génération. Cependant, ce n’est pas en le lisant qu’on obtiendra un savoir universel. Il faut l’apprécier à sa juste valeur (et elle est immense), mais ce n’est pas parce qu’une œuvre est intemporelle qu’elle est forcément universelle.
Enfin, je trouve qu’il n’y a pas tant de phrases iconiques que ça. Certes, elles sont bien amenées, mais Sun Tzu ne cherche pas à faire de la philosophie dans ce livre. N’oubliez pas qu’il s’adresse à des commandants : son objectif premier est d’être clair et compréhensible pour son audience. Encore une fois, je ne dis pas qu’il manque de sagesse, bien au contraire. Toute la force de Sun Tzu réside dans sa capacité à décrire le réel avec une précision déconcertante et à le transmettre avec une simplicité presque innée, plutôt que d’inventer des concepts abstraits.
Conclusion
Je ne considère pas L’Art de la guerre comme un livre surcoté en tant que traité de stratégie ou récit historique. En revanche, si on le présente comme un ouvrage de développement personnel ou philosophique, alors oui, il est surestimé. Cela ne lui enlève en rien sa valeur : il faut simplement l’apprécier pour ce qu’il est réellement, un manuel destiné aux chefs de guerre. D’ailleurs, on pourrait aussi le voir comme un livre de management, tant Sun Tzu excelle dans l’art de la stratégie et de la prise de décision. En conclusion, c’est une œuvre précieuse qui mérite largement d’être lue.
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